La police municipale de Clamart veut concurrencer l’antigang

police municipale

Le grand projet du nouveau maire, M. Berger, consiste transformer la police municipale de Clamart en une brigade de 20 à 25 agents, qui travailleraient 24h/24 et 7 jours sur 7. Il l’avait promise « équipée », mais nous ignorions alors son projet, tant il l’évoquait des pudeurs de jeune fille.

Aujourd’hui, nous sommes un peu plus informés, grâce aux annonces de marchés publics publiées dans les revues spécialisées.

Dès le mois de septembre dernier, le maire a recruté un ancien garde du corps de Jean-Marie Le Pen comme chef de la police municipale, passé par le Plessis-Robinson, pour encadrer ce nouvel escadron.

Ce fonctionnaire a déjà défrayé la chronique pour ses face-à-face musclés avec les jeunes du Plessis Robinson. Ses policiers ont même comparu devant le tribunal correctionnel pour s’être tirés dessus en plein poste de police du Plessis, en présence du public, en juillet 2009.

Compte tenu de tels états de service, M. Berger ne pouvait qu’importer ces « succès » à Clamart.

Désormais, il fait acheter par notre ville près de 50 armes utilisées par l’antigang, pistolets automatiques 7,65 mm et révolvers 35 spéciaux, des chargeurs rapides pour recharger immédiatement comme en période d’émeute, menottes et gilets pare-balles pour mieux affronter l’ennemi.

Sont également prévus des motos et 2 véhicules tout terrain, ainsi que, bien évidemment, tout un système de vidéo surveillance.

Tous ces équipements coûteront au moins 2 Millions d’euros à la ville (1 Million pour monter cette police municipale 7j/7, l’équiper et 1 autre Million d’euro pour le réseau de vidéo surveillance).

S’il est bien évidemment que la ville doit assurer des missions de police afin de préserver la tranquillité publique, la salubrité et la sécurité, nous pensons cependant qu’il convient de respecter une complémentarité des compétences entre la police nationale qui, elle doit traquer la délinquance et la criminalité, et la police municipale, qui assure le bon ordre public.

Les missions de cette dernière consistent à préserver la tranquillité, une bonne circulation dans la ville, à faire de l’ilotage au plus près d’habitants et à prévenir des actes de délinquance. Elles ne nécessitent pas d’armement. Bien au contraire un tel équipement ne peut que conduire les agents municipaux à dépasser le cadre de leurs missions en s’exposant inutilement à des dangers, mal contrôlés, à entretenir une confusion entre les polices et aboutir à un engrenage de la violence.

La lutte contre les cambriolages, les bandes de dealers organisées et les trafiquants en tout genre nécessite des enquêtes de fond, des interventions coordonnées entre services de police, au-delà du seul territoire communal, dans l’ère urbaine toute entière.

La création de ces brigades de police au service d’un maire, dont il est seul à maîtriser le recrutement et les actions, dans les limites géographiques du territoire de la ville, n’a donc pas de sens pour lutter contre la délinquance.

Elle représente au contraire un danger réel : entrer en concurrence avec la police nationale et conduire celle-ci, sous les contraintes budgétaires que l’on connaît, à réduire ses interventions et effectifs sur la ville, pour transférer insidieusement, la charge du maintien de l’ordre à la commune et, dans une spirale infernale, accroître ses charges au détriment de l’efficacité et de la sécurité.

Ce choix n’est pas inéluctable, même dans les villes gérées par la droite. Les maires de villes voisines comme Issy les Moulineaux et Vanves ont fait des choix justement inverses, totalement opposés à cette militarisation de la police municipale.

Outre les coûts financiers pour la ville, nous dénonçons me caractère totalement disproportionné de ce nouveau service municipal à Clamart, qui ne répond pas aux besoins de ses habitants. La police nationale doit aujourd’hui remplir ces missions de sécurité.

On constate d’ailleurs que ces dernières années, c’est avec un certain succès que le commissariat de police a réorganisé ses brigades pour lutter contre les cambriolages, assurer une plus grande visibilité de ses équipes avec le passage d’une police montée à cheval, et renforcé ses effectifs avec la nomination d’agents supplémentaires en 2014. Ces efforts commencent à porter leurs fruits. Il convient de les poursuivre.

En outre, le déploiement de cette police municipale à Clamart est un leurre : même si le nouveau maire augmente le nombre de policiers municipaux à 20 ou 25 agents au lieu de 13 aujourd’hui, en augmentant leur service à 7jours sur 7 et 24h/24, nous compterons en réalité moins présents sur le terrain (en raison des repos obligatoires, du temps de travail et des congés évidemment). En d’autres termes, les Clamartois-ses consacreront 2 Millions d’euros pour un service moindre, devront sacrifier d’autres services publics municipaux pour financer cette obsession du nouveau maire et vivre sous la menace des armes à feu puissantes d’une police municipale pas toujours bien formée à leur maniement (ainsi, la responsabilité de la ville du Plessis-Robinson a été retenue lors de l’incident au sein du poste de police pour insuffisance de formation au maniement des armes à feu par le tribunal correctionnel).

Si M. Berger souhaite sincèrement assurer la sécurité et la tranquillité des Clamartois-es, il doit cesser de se prendre pour un shérif de banlieue et réorienter les moyens budgétaires de la ville vers la prévention et l’ilotage, mener une véritable politique en faveur des jeunes et de l’éducation, aujourd’hui totalement sinistrées, tout en pesant sur l’Etat pour qu’il n’abandonne pas ses missions régaliennes de police.

Nous lui demandons donc de renoncer à ses projets aussi dispendieux que dangereux.

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