Les lycéens de Jacques Monod s’intéressent à la situation de l’Autrement Bon

BANDEAU-WEB site autrement bonDes lycéens du lycée Jacques Monod de Clamart publient un journal trimestriel. Pour ce 1er trimestre, ils se sont penchés sur la situation de l’Autrement Bon, avec beaucoup de rigueur.

Un article remarquable :

 

Une certaine vision du social selon Jean Didier Berger
Le maire de Clamart, Mr. Jean Didier Berger, a promulgué un arrêté le 22 décembre 2014 interdisant à L’Autrement Bon de distribuer boissons et nourriture, l’empêchant de fait d’exercer son activité. L’Autrement Bon est un bar géré par l’association Polysongs qui œuvre pour l’insertion des personnes handicapées dans le monde du travail. Depuis, cet arrêté a été suspendu par la justice, mais l’Autrement Bon n’a pu reprendre son activité. En effet, la mairie de Clamart et la présidente de la communauté d’agglomération refusent de signer la Convention qui encadre l’occupation par l’Autrement Bon du bar du premier étage du théâtre Jean Arp et l’utilisation de la cuisine centrale de La Fourche pour la préparation de ses repas. De plus, nous avons été surpris, et même choqués, de remarquer le traitement réservé à l’Autrement Bon à la fois dans le journal de Clamart, le Clamart-Info, sur le blog de Mr. Jean Didier Berger ainsi que sur celui de l’UDI, allié local de l’UMP. En effet, nous y avons remarqué des attaques virulentes. Sur le blog de l’UDI, ainsi que sur celui de Mr. Jean Didier Berger, il est expliqué que l’association mettait en danger ses clients : le maire de Clamart indique donc qu’il « ne pouvait évidemment accepter que la sécurité alimentaire des Clamartoises et des Clamartois soit ainsi mise en danger. ». Sur le blog de l’UDI, il est même inscrit dans une tribune, publiée suite à la décision de justice qui innocentait l’Autrement Bon et contredisait le constat des inspecteurs de la Cuisine Centrale quant à la mise en danger des clamartois, que « L’association tente aujourd’hui de se présenter en victime. Elle n’est victime que d’elle-même et de ses propres pratiques. »
Ces propos nous ont d’autant plus choqués qu’ils sont adressés à une association qui lutte pour l’insertion de personnes handicapées. Cette association a ainsi permis à 15 personnes handicapées de s’insérer dans le monde du travail mais aussi socialement, en étant plusieurs jours par semaine au contact de clients. De plus, elle possède une solide réputation de sérieux et de convivialité chez les clamartois qui le fréquentent depuis son ouverture le 3 octobre 2006 sans qu’ils n’aient jamais rencontré aucun problème relatif à l’hygiène.
Nous avons donc souhaité comprendre ce qui justifiait des propos aussi virulents, en commençant par contacter les différentes parties concernées par ce dossier : mairie de Clamart, association Polysongs et opposition locale. Mme et Mr. Déréthé, responsables de l’association Polysongs qui gère le bar l’Autrement Bon ont accepté de nous rencontrer, ainsi que des responsables PS de l’opposition locale, Mme. Krust et Mme. Rakoff. Cependant, aucun représentant de la mairie n’a souhaité répondre à nos questions, arguant du fait qu’ils ne souhaitaient pas s’exprimer sur la procédure judiciaire en cours, et ce, même lorsque nos questions portaient uniquement sur le caractère social de cette décision ou sur les conditions de reconduction de la Convention encadrant, comme dit au début de cet article, l’occupation par l’Autrement Bon du bar au premier étage du théâtre Jean Arp .En effet, nous avons été très surpris de lire sur le blog de l’UDI que cette convention n’avait pas été signée par l’association : « la convention NON signée par l’association », laissant penser que c’était le souhait de l’association Polysongs de ne pas la signer. Pourtant Mme et Mr. Déréthé nous ont expliqué qu’ils avaient tenté durant un an de rencontrer le maire ou un représentant de la mairie afin d’en discuter et de pouvoir la renouveler, sans jamais obtenir un rendez-vous. Mme et Mr. Déréthé nous ont également décrit une situation qu’ils jugent injuste et un traitement selon eux injustifié et disproportionné, au vu de la décision immédiate du maire de fermer le bar, sans préavis. Ils nous ont également décrit la manière dont s’est déroulé le contrôle sanitaire : effectué par des représentants de la Cuisine Centrale, en l’absence des responsables de l’association, les salariés handicapés travaillant ce soir-là en autonomie. Un salarié aurait souhaité joindre un responsable de l’association afin qu’il puisse assister au contrôle, comme le prévoit la loi, mais l’un des contrôleurs l’en aurait empêché. Mme et Mr. Déréthé ont également souhaité contester les constatations du rapport, comme la présence d’alcools forts que l’association n’avait pas le droit de proposer à la vente, mais qui auraient selon eux uniquement servis à la préparation de sauces et n’auraient jamais été proposés au bar. Mais surtout, ils ont insisté sur le fait que cette situation est très dure à vivre pour les salariés handicapés qui se retrouvent sans activité depuis des mois, au vu de la violence avec laquelle ils ressentent la décision soudaine et brutale de fermer l’Autrement Bon. Cette activité représentait pour eux, nous a expliqué Gilles Déréthé, le fils handicapé de Mr et Mme. Déréthé qui a pendant plusieurs années travaillé à l’Autrement Bon, une ouverture sociale et un réel plaisir. Mme. Krust et Mme. Rakoff, que nous avons rencontrées par la suite, ont souligné le caractère probablement politique de cette décision, Mme. Déréthé ayant appartenue au précédent Conseil municipal PS dirigé par Philippe Kaltenbach. Cependant, l’important n’est sans doute pas de chercher la ou les motivation(s) du maire de Clamart, mais bien de dénoncer la manière abrupte avec laquelle le maire a décidé de fermer l’Autrement Bon. Il ne s’est soucié à aucun moment des salariés handicapés, qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation difficile à vivre sur le plan psychologique. La justice elle-même, dans son jugement de suspension de l’arrêté municipal, a reconnu « l’angoisse des salariés en situation de handicap, particulièrement fragiles, qui supportent difficilement l’inactivité forcée qui résulte de la décision d’interdiction. »
Depuis le jugement, nous n’avons connaissance d’aucune tentative d’apaisement de la part de la mairie, ou de recherche d’une solution raisonnable telle que la possibilité pour l’Autrement Bon de terminer la saison. Cette solution a été refusée par la mairie, qui a par ailleurs annoncé le lancement à venir d’un appel à projet pour la gestion du bar du théâtre Jean Arp…
Par Hugo Lemesle, Yves Mariko et Salomé Ben Bounan2nde 12 et 2nde 3

 

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